mercredi 17 septembre 2014

Pardon

Cela se passe un soir, à l'heure du couché des enfants. Mon plus grand fils est un peu turbulent. Il n’obéit pas à mes demandes (se laver les dents, lire l'histoire...), le tout avec le petit sourire narquois de rébellion qui attise ma colère. D'ailleurs, je la sens monter... puis je cède : je le dispute outre mesure puis l'attrape énergiquement pour l'amener dans son lit où il finira en pleur sans le traditionnel câlin du soir...
Mes états d'âme m'emportent vers le sentiment de culpabilité.
Je rumine cette dispute tout le lendemain.
Puis je conclue que j'ai été excessif, dans la démesure concernant la sentence.
Le soir venu, je décide d'aller voir mon fils pour lui présenter mes excuses : "il faut que je te dise, j'ai été un peu méchant avec toi hier soir, j'étais fâché contre toi mais je n'aurais pas du te disputer comme ça". Mon fils, très émotif, commence à avoir les larmes aux yeux. Comme à son habitude, il mime la fatigue en baillant et en se frottant les yeux surement dans l'espoir que je ne m'aperçoive pas de son émotion. Je suis moi même très ému de voir que ça le touche. Je continue "je ne recommencerai pas, je m'excuse, je suis désolé... pardon". Cette fois, j'applique le traditionnel câlin du soir avec la plus grande tendresse. Il me répond  rapidement pour ne pas entendre le son de sa voix vaciller "c'est rien"... A ce moment je me sens un peu étrange car les rôles sont inversés, un père qui demande pardon à son fils et le fils qui pardonne.

C'est fou comme un simple pardon peu apaiser. C'est comme un poids, celui de la culpabilité, qui nous est retiré. "Faute avouée est à moitié pardonnée" dit le proverbe, c'est vrai et même mieux que pardonnée : "digérée". Fin de la boucle interminable qu'est la rumination, fin de la colère, fin de la rancœur. Alors pourquoi est-ce si dure de dire "pardon" alors que c'est si bénéfique? J'ai jamais eu de mal à accepter mes torts mais toujours eu des difficultés à les dires. Les choses ont changées...

Illustration : Calimero qui demande pardon ;-)

lundi 15 septembre 2014

Perpetuité

J'ai beau connaitre petit à petit mes limites, savoir quand je vais les atteindre et connaitre l'effet que cela aura sur moi si je les dépasse, malgré tout je continue à m'y confronter. Je les frôle, les titille, les provoque...
Pourquoi jouer avec le feu quand je sais que je vais encore me brûler.
J'adore traîner le soir chez moi quand tout le monde est couché, quand il n'y'a plus un bruit, faire ce que j'aime et prendre le temps de les faire, mais je le sais pourtant que le manque de sommeil risque de me mettre dans des états d'anxiété, de stresse, de "bougonnerie" desquels j'ai souvent beaucoup de mal à revenir.
Quand je rencontre des pannes informatiques coriaces, comme encore dernièrement où plusieurs centaines de personnes ne pouvaient plus travailler pendant deux jours, que le mélange de pression et d’entêtement me montent à l'esprit, que je deviens celui qui ne lâche plus son clavier jusqu'à la victoire dans ce combat homme contre machine, que je finis par ne même plus ressentir la fatigue tellement je suis pris dans cet acharnement, plus rien ne compte à part CA, je le sais pourtant que je dois tempérer, me calmer ... mais non.... je m'acharne. Je ne me laisse aucun répit ni repos...
L'alcool qui m’enivre et qui me pousse toujours plus loin. Je le sais pourtant que les lendemains de beuverie sont difficiles. Il n'est pas question de gueule de bois, mais de la recherche dangereuse de cet état de "flottement", de ne plus être capable de réfléchir ou de me concentrer pleinement, de devenir un peu "je-m’en-foutiste", d'accéder à cette ouverture d'esprit qui me permet de voir les choses différemment, de les rendre plus acceptables, mieux tolérées. Quand je repose les pieds sur terre, tout dépend de la "hauteur" prise la veille, mais en général, l’atterrissage, la reprise de conscience, est brutale... et je le sais pourtant que les choses se passent toujours comme cela...
Si je ne reste pas dans les clous, bien manger, bien dormir, rester calme, ne pas abuser de "tout-ce-qui-est-bon-mais-qui-ne-l'es-pas-vraiment" (malbouffe, TV jusqu'à pas d'heure etc), je le sais pourtant, cela me change, change mon caractère, mon état d'esprit.... et pourtant je recommence, encore... et encore.... et pour toujours...
Toujours ces vieux démons qui m'incitent à la débauche... c'est tellement bon de faire ce dont on a envie sans se poser de questions... mais pourtant si mauvais par la suite. Sentiment de culpabilité (trop mangé, encore pris 2 kilos!!), de honte (qu'est ce que j'ai encore raconté hier dans ces élans de confiance!), d'abandon (et voilà, ça recommence les conneries!)... melting-pot émotionnel!
Le seul remède est la reprise en main... qui finit toujours par arriver. Le seul point positif de cette dérive perpétuelle est qu'elle est source d'apprentissage car on en tire toujours des leçons. Le rabâchage est une bonne méthode d'apprentissage finalement!
J'ai un peu peur de comprendre que cet perpétuel recommencement est le propre de l'homme. Pas seulement à mon échelle mais à l'échelle planétaire : nous ne sommes que le perpétuel recommencement, refaire encore et toujours les mêmes erreurs. Malgré que l'histoire soit écrite, que les erreurs commise dans le passé soient connues, on creuse toujours le même sillon.

Illustration : malgré la taille des panneaux, on franchit toujours les limites...

vendredi 5 septembre 2014

Méditation culinaire

Verser 200 grammes de riz rond (petits grains collants après la cuisson spécialement fait pour la cuisine japonaise) dans un petit récipient.
- Regarder la cascade de riz s’écouler doucement et voir l'aiguille de la peseuse s'approcher jusqu'à atteindre son objectif -
Nettoyer les grains à l'eau fraîche jusqu'à en obtenir la clarté.
- Plonger la main dans le récipient, sentir les grains passer entre chaque doigt et voir l'eau fraîche prendre la couleur du riz pour l'en débarrasser, voir le grain s'éclaircir petit à petit -
Verser le riz dans une casserole avec 350 ml d'eau, mettre un couvercle et porter à ébullition (attendre environ 10 minutes).
- Scruter l'arrivée des bulles qui tentent de s’échapper des abords du couvercle -
Baisser le thermostat de moitié, toujours à couvert (environ 3 minutes).
- Sentir le riz embaumer la cuisine et petit à petit le reste de la maison -
Baisser au minimum et laisser le riz s'imbiber totalement (environ 15 minutes).
Pendant ce temps, découper les avocats et le saumon.
- Prendre à pleine main la chair molle et glissante du poisson et enlever la peau au couteau, découper en dé et en tranche. En faire de même pour l'avocat -
Une fois que le riz à complètement absorbé l'eau, verser le vinaigre de riz et éventer jusqu'à tiédir.
- voir le vinaigre s'écouler, s'infiltrer entre chaque grain, sentir et voir l'acidité s'évaporer -
Déposer une feuille d'algue (Nori) sur le petit tapis de bambou (Makisu) et étaler une petite quantité de riz sur les deux tiers de la surface en partant du bas.
- doser la force du poignet pour ne pas écraser les grains -
Déposer sur le lit de riz le mélange de dés d'avocat et saumon.
- prendre les éléments à la main, rechercher l'équilibre entre saumon et avocat -
Enrouler la feuille d'algue à l'aide du tapis de bambou afin de former un tube d'environ 5 centimètres de diamètre.
(humidifier au préalable sur un centimètre le haut de la feuille d'algue afin qu'elle colle une fois le rouleau refermé)
- regarder les éléments s'enrouler sur eux même et se mélanger, sentir et voir le maki prendre forme -
Dérouler le tapis de bambou et découper les maki sur trois centimètres de large environ. Les disposer dans une assiette.
- voir le mélange des couleurs et sentir son estomac se languir -
Former quelques boules de riz à la main et déposer sur chacune une tranche de saumon.
- creuser la paume de sa main pour former un moule à fond rond, malaxer le riz pour en extraire une boule, ressentir la texture visqueuse du riz et sa tiédeur -
Disposer les Sushis dans une deuxième assiette.

Je ne suis vraiment pas un passionné de cuisine mais si il y'a une chose que j'aime faire, ce sont les Suhis et les Makis. La cuisine Japonaise est un art et impose de la patience et de la persévérance. A force de faire, on finit par mieux faire ce qui donne de plus une bonne leçon de morale.
A chaque fois que j'en prépare, je ressens l’apaisement, la hâte..... et la faim!